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Nouvelles de Hallowspeak 41

Joyeux Noël, Joyeux Hanoukka et Joyeux Kwanzaa à tout le monde !!!

Malheureusement, j’ai toujours pas eu le temps de rédiger les enormes nouvelles qui seront nécessaires pour raconter tout ce qui s’est passé depuis les Nouvelles 40, mais j’ai bien un peu de temps pour donner à vous tous un peu de contenu de Hallowspeak pour cette période des fêtes !!

Quelques discussions ont récemment été portées à propos de la phonologie du Hallowspeak, particulièrement sur sa phonotactique, dans le salon Hallowspeak Development, donc j’ai pensé que je prendrai cette occasion pour vous donner quelques explications à propos de ça ! T’inquète, tu vas voir bientôt comment c’est festif !

Donc, la phonologie d’une langue est tout ce qui concerne ses sons : quels sons elle possède, où ces sons peuvent se situer, comment les sons changent en fonction du contexte et tout ce genre de truc. La phonotactique est exactement le deuxième point dans cette liste : aucune langue ne permet simplement à n’importe quel son d’apparaître à n’importe quelle position dans un mot. Même si les sons « ng », « a », « p », « t », « k » et « f » existent tous dans la langue française, le mot « ngaptkfp » ne pourrait jamais être un mot français, et la plupart des francophones auraient probablement beaucoup de mal à le prononcer ! C’est dû à la phonotactique ! Le français permet le son « ng » seulement à la fin d’une syllabe (« parking », « jogging »)*, mais jamais au début d’une syllabe (le fléau de tous les gens qui s’appellent Nguyen :p). En plus, le groupe consonantique « ptkfp » ne serait probablement jamais valide en français, parce que d’habitude (plus ou moins), le français suit l’échelle de sonorité, ce qui veut dire que les consonnes consecutives sont obligées de passer de douces à fortes en début de syllabe, et de fortes à douces à la fin, ce que « ptkfp » ne suit certainement pas !

* Dans la version originale de cet article, ce passage concerne l’anglais, où le son « ng » est plus courant qu’en français. En français, ce son se trouve principalement dans les mots empruntés de l’anglais. De toute façon, vu que les mots français qui contiennent le son « ng » proviennent de l’anglais, la règle phonotactique décrite s’applique également au français.

La phonologie et la phonotactique sont souvent la raison pour laquelle les mots changent lorsqu’ils sont empruntés d’une langue à une autre. Un exemple plus frappant serait « Mele Kalikimaka » en hawaïen, ce qui veut dire « Joyeux Noël », emprunté de l’expression « Merry Christmas » en anglais. C’est pas que l’hawaïen ait inventé ses propres mots pour « merry » et pour « christmas », mais simplement dû au fait que la phonologie de la langue hawaïenne est tellement plus restrictive que celle de l’anglais, il a fallu modifier les mots considérablement !

Mon idée, c’était et si on fait la même chose pour le Hallowspeak ! (avec les mots anglais, parce que je veux pas tout refaire avec les mots « joyeux » et « noël » sfghdfsgj) Commençons avec le mot « Christmas », et corrigeons tout ce qui ne respecte pas la phonotactique du Hallowspeak, pour trouver ce qui serait le mot Hallowspeak pour « Christmas » ! En fait, j’ai déjà fait ce processus pour le mot « Christmas », mais je pense que je peux le faire bien mieux qu’à l’époque.

Tout d’abord, le « ch » au début du mot se prononce comme « k », donc on va l’écrire ainsi ! Ça, c’est une autre source de changements pour les mots empruntés : les langues empruntent presque toujours la prononciation du mot, pas l’orthographe ! On a donc « Kristmas ».

Le groupe consonantique « kr » au début, heureusement, est complètement valide selon les règles phonotactiques du Hallowspeak. Cependant, le Hallowspeak est quand même un peu plus restrictif que l’anglais en ce qui concerne les groupes consonantiques, vu que les seules combinaisons permises sont « p t k b d g » avec « r l w j ». Alors, quelque chose comme le « fr » dans le mot « frais » ne serait pas permis.

En fait, cette voyelle « i » n’existe pas vraiment en Hallowspeak ! La voyelle representée par le « i » dans « Christmas » est la voyelle du mot anglais « kit », mais le son « i » du Hallowspeak est plutôt le « i » français ou la voyelle du mot anglais « beet ». Quoi qu’il en soit, ce « ee » est quand même la voyelle la plus similaire à la voyelle « i » de « Christmas » que le Hallowspeak possède, donc on va le laisser comme « Kristmas ».

Mais, là où on rencontre bien quelques problèmes, c’est avec le « st » de « Christmas ». Pour voir pourquoi, on va utiliser la notation de structure syllabique ! La structure syllabique est en quelque sorte le gabarit pour chaque syllabe dans une langue, qui montre où les consonnes et les voyelles peuvent se situer ! Dans la notation de structure syllabique, « C » représente une consonne, « V » représente une voyelle, n’importe quoi en miniscule désigne le son lui-même (donc, « V » désigne une voyelle, mais « v » désigne le son « v ») et les parenthèses veulent dire « optionnel ». Il y a aussi quelques autres symboles pour d’autres catégories de son courantes, comme « F » pour les sons fricatifs comme « f v s z j », et « L » pour les sons liquides comme « w l r y ».

L’anglais possède une structure syllabique très complexe de (C)(C)(C)V(C)(C)(C)(C)(C), aussi souvent écrite (C)3V(C)5 par souci de concision. C’est pourquoi l’anglais est capable d’avoir des mots tels que « strengths », « twelfths » et « angsts ». Par contre, la structure syllabique du japonais est moins permissive, seulement (C)Vn (bien que ce soit un peu plus compliqué que ça), ce qui est pourquoi le mot japonais pour « Christmas » doit être « Kurisumasu ».

La structure syllabique du Hallowspeak est (C)(L)V(C), avec quelques autres restrictions déjà mentionnées. Mais comme vous pouvez le voir, la structure syllabique du Hallowspeak ne permet qu’une consonne à la fin d’une syllabe, donc « Christmas » serait impossible ! Heureusement, presque personne, du moins à qui j’ai parlé, ne prononce le « t » de « Christmas », donc je dirais qu’on peut sans problème continuer avec « Krismas ».

Il reste une autre restriction que j’ai pas mentionnée en ce qui concerne la phonotactique : le fait que seules certaines consonnes sont permises de terminer une syllabe. En terminologie linguistique plus difficle à comprendre, seules certaines consonnes sont permises en position de coda. Lesdites consonnes sont « m n k s p », donc heureusement on va pas avoir aucun problème, mais un mot tel que « mash » serait impossible, même si le Hallowspeak possède les sons « m », « a » et « sh ».

Dernièrement, le « a » de « Christmas » est-il vraiment prononcé comme un son « a » ? Pour la plupart d’anglophones, la réponse est non ! La plupart de dialectes d’anglais ont ce qui s’appelent la réduction vocalique, qui change toutes les voyelles non accentuées en petits sons « euh » brefs, comme dans le mot « Christm(euh)s ». Mais en fait, ce son « euh » est un son à part entière en Hallowspeak, ce que nous avons choisi d’écrire avec la lettre « y », donc on peut l’utiliser ici !

Ça nous laisse avec notre mot final pour « Christmas »… « Krismys » !! (dites « kris-meus »)

En appliquant les mêmes règles à « Hanukkah » et à « Kwanzaa », on obtient « Hanuka » et « Kwanza », mais on sait pas trop actuellement si le Hallowspeak possède le son « kh » présent dans la prononciation hébreu de Hanoukka (c’est aussi pour ça qu’on le voit parfois écrit « Chanukkah », l’anglais n’a pas le son « kh » sauf si on est écossais et qu’on dit le mot « loch » !). Si on arrive à preuver que ce son existe bien en Hallowspeak, on a l’intention de l’orthographier avec un « x », ce qui donnerait « Xanuka ».

Mais, comment on a découvert tout ça ? Comme pour beaucoup de choses en Hallowspeak, la réponse de cette question réside dans l’un de nos tout premiers membres : DialogBox ! Bien que DB soit actuellement inactif la plupart du temps, c’est lui qui a contribué le socle fondateur pour notre projet entier au début ! Pour analyser la phonologie, il faut parcourir tous les enregistrements audio dont on dispose, écrire ce qu’on entend et essayer de rassembler tous les sons qu’on trouve et où ces sons se situent dans chaque mot. Malheureusement, c’est rendu encore plus difficle par le dernier élément de la définition de la phonologie que je vous ai donnée : « comment les sons changent en fonction du contexte ».

Prenez le mot « butter » en anglais par exemple.* Dans certains dialectes, le son « t » au milieu devient une petite pause qui s’appelle un coup de glotte (« bu’er »), et dans d’autres dialectes, il devient plutôt un son « r » ou « d » court qui s’appelle une battue alvéolaire (« burer », « buder »). Si on essayait d’analyser ça, on pourrait penser que le coup de glotte et la battue alvéolaire sont des sons à part entière en anglais, alors qu’en fait ils sont simplement des variations différentes du son « t » !

Voici la vraie terminologie pour tout ça. Ça pourrait sembler compliqué, mais ça rend la discussion de ça beaucoup moins confus que dire « son » pour tout. Si quelque chose est un son à part entière dans une langue, on l’appelle un phonème, et si c’est une variation différente en fonction du contexte, on l’appelle un allophone. Donc, le coup de glotte (petite pause) et la battue alvéolaire (« t »/« d » court) sont des allophones (variations selon le contexte) du phonème « t » de l’anglais (un son à part entière). Pour simplement n’importe quel son qu’un humain peut produire, le mot est « un phone ».

* Je voulais utiliser un exemple en français pour expliquer l’allophonie, mais je n’ai rien trouvé d’aussi clair. Peut-être on pourrait comparer les variations du son « r » en français — plus roulé dans « vrai » mais plus doux dans « foire » — mais c’est difficle à exprimer par écrit.

Ça, c’est pourquoi il est si difficile d’analyser la phonologie ! Des phones qui sont des allophones (variations) dans une certaine langue peuvent être des phonèmes entièrement distincts dans une autre, donc il faut beaucoup de techniques spéciales pour comprendre lesquels sont lesquels ! Je vais pas rentrer dans toute la théorie ici, comme c’est plutôt juste une introduction au concept, mais l’idée est de noter où apparaissent tous les phones, et puis de voir si jamais leurs positions possibles se chevauchent. Il y avait même une époque ᴏù on pensait que « a » et « e » étaient des allophones l’un de l’autre en Hallowspeak — ce qui est pourquoi ils avaient la même lettre dans nos premiers essais de Hallowscript — mais heureusement on est arrivés à réfuter cette idée. Pour d’autres sons comme le « kh » mentionné précédemment, on essaie toujours de le comprendre.

C’est tout pour ces nouvelles ! J’espère que ces explications des termes phonologiques vous ont semblé claires, et joyeuses fêtes !! Bapa namele Krismysak Xanukak Kwanzak !

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